Que signifie "OUVRIER"
L’apprentissage, long et fondamental dans l’artisanat devient inutile dans l’industrie : quelques heures suffisent. C’est la porte ouverte à tous les abus, à la recherche systématique de l’ouvrier sans qualification, au remplacement de l’ouvrier par l’ouvrière puis de celle-ci par des enfants.
Des témoignages poignants
Tous les bouleversements industriels, les cortèges de souffrance qu’ils ont entraînés, prennent de court les contemporains, comme une évolution qu’ils ne savent plus maîtriser. Les abus, ainsi que la rigueur et la dureté nouvelles au travail, ont été dénoncés de tous côtés.
Une évolution tardive
Quels remèdes trouver aux souffrances des premiers ouvriers ? Comment réagir devant l’apparition de ces nouvelles conditions de travail ? Les contemporains demeurent désorientés, comme des apprentis sorciers devant les conséquences humaines de la révolution industrielle qu’ils ont fait naître.
En avance sur la législation, deux solutions se font cependant jour tout au long du XIXème siècle : le paternalisme et le syndicalisme.
Le paternalisme
Ce que l’on a appelé paternalisme est la tentative, menée par des industriels, de créer par eux-mêmes une protection sociale et un environnement décent aux ouvriers dont ils ont la charge. À une époque où ce comportement est loin d’être la règle, il convient de le juger au-delà de l’image désuète que le mot véhicule aujourd’hui.
Un exemple : les Schneider, qui commencent leur oeuvre sociale dès 1830, à une époque où la législation ne propose rien. En 1837, ils construisent une nouvelle école. En 1841, ils dotent le Creusot d’un bureau de Poste. En 1863, ils l’équipent d’un hôpital de trente lits et d’une pharmacie dispensant des soins gratuits aux ouvriers, à leur femme et à leurs enfants de moins de quinze ans. Une Caisse de prévoyance est créée. En 1865, cent cinquante logements ouvriers sont construits, avec une nouvelle école préparant les jeunes aux Arts-et-Métiers.
Le syndicalisme
Des théoriciens comme Saint-Simon, Fourrier, Louis Blanc, Proudhon, Owen, Karl Marx - pour ne citer qu’eux - tentent d’inventer de nouveaux concepts de société ou de nouvelles organisations permettant de concilier nouvelle révolution industrielle et ancienne humanité de travail. Plusieurs d’entre eux préconisent la création d’associations ouvrières de production, organisée à l’image des corporations de métiers supprimées par la Révolution. Quant à Karl Marx, il explique plutôt que le prolétariat doit en premier lieu conquérir le pouvoir politique, s’ériger en classe dirigeante et instaurer sa dictature.
Le droit syndical ne sera reconnu en France qu’en 1884. Avec lui, c’est la possibilité pour les ouvriers de constituer des mouvements de défense des intérêts propres qui est enfin admise. Bien des syndicats se créent alors en cette fin de siècle, mais surtout au début du suivant, tant sur le plan national que régional ou professionnel. La CGT créée en 1895 résulte quant à elle de l’association des fédérations nationales par métier et des bourses du travail au niveau des villes.
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