Que signifie "CHANGEUR, AGENT DE CHANGE"
Achats et ventes de titres au milieu d’un brouhaha assourdissant sont le lot quotidien si particulier de l’agent de change. Ancêtre du trader, ce personnage a contribué, depuis le Haut Moyen ge, à mettre en place un système financier moderne et à soutenir la prospérité du pays.
La naissance du monde financier
C’est durant le Haut Moyen ge que la France assiste à la naissance, puis au développement, des professions de change. N’ayant aucun point d’ancrage, les changeurs sont tout d’abord ambulants. Ils fréquentent les grands rassemblements que sont les foires et sillonnent le pays. On les rencontre aussi bien à Provins qu’à Lille ou à la foire de Lendit. À leur suite, ils entraînent tout d’abord les orfèvres puis, en 1138, les usuriers.
Peu à peu, ces hommes élargissent leurs prestations de service, mettant en rapport les négociants des régions et renseignant les intéressés sur le cours des marchandises. Au fil des ans, ils installent un véritable réseau d’informations commerciales qui leur permet à la fin du XIIème de payer n’importe où les premières lettres de change.
Les agents de change mettent ainsi en relation les marchands en quête de crédit commercial à court terme, par la négociation de leurs créances matérialisées par des lettres de change, et les banquiers, dont la principale activité est justement de se livrer à ces opérations.
La profession de changeur n’obtient cependant ses lettres de noblesse qu’en 1303, sous Philippe le Bel. En 1312 un édit interdit aux commerçants d’être marchands de denrées dont ils sont courtiers. Jusqu’à la fin du XVIème siècle la profession reste libre. Sous le prétexte d’assurer une bonne police des marchés, mais en réalité pour des raisons fiscales et après une tentative sans succès de Charles IX en 1572, un arrêt du conseil de Henri IV érige de nouveau en offices les fonctions de courtiers de change sur les principales places de commerce et de change. Ils reçoivent en 1639 le titre qu’ils conservent par la suite d’"agents de banque et de change". Cependant le roi ne parvient pas vraiment à imposer ces offices, sauf dans quelques villes, comme Paris ou Marseille.
Quand le royaume tombe à Law...
À la mort de Louis XIV, le royaume, croulant sous les dettes, est au bord de la faillite. Le banquier John Law propose, puis applique, deux grands principes financiers supposés sortir la France de cette situation :
- la création d’une monnaie de papier pour accroître la masse monétaire et relancer la croissance, afin de financer la dette ;
- la conversion en capital de la dette publique, idée astucieuse qui transforme ainsi les créanciers de l’État en actionnaires.
En 1720, après des débuts encourageants, le système s’effondre, révélant à tout le pays les risques de la spéculation. Des centaines de changeurs sont ruinés tandis que d’autres s’enrichissent considérablement. John Law est obligé de fuir le pays. Les conséquences ne sont cependant pas si néfastes : l’inflation, l’allègement de la dette et l’essor du commerce maritime permettent le retour de la croissance.
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